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Quand Beauvoir s’interroge sur ce que c’est qu’« être une femme », elle découvre l’étendue des soumissions de la condition féminine que sa position de privilégiée lui avait dissimulée. Elle va s’employer à démontrer que l’inégalité entre les hommes et les femmes n’est pas une fatalité. La nature féminine n'a pas de sens en elle-même, elle a surtout permis de légitimer la domination masculine. En remettant en question les conceptions traditionnelles sur la femme, l'auteure offre une analyse approfondie des mécanismes de l'oppression féminine, tout en invitant les femmes à revendiquer leur liberté et leur autonomie. Commencé en 1946, achevé en 1949, Le Deuxième sexe est devenu un ouvrage de référence du féminisme mondial que Beauvoir soutiendra sans relâche jusqu’à la fin de sa vie en 1986.
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Patricia Nicolas
Le Deuxième sexe paraît en 1949 dans le contexte d’une société française puritaine qui encourage la natalité. S’il connaît dès sa sortie un succès retentissant, l’accueil qui lui est réservé est aussi très polémique. Sa contestation de l’ordre sexuel dominant et sa défense de l’égalité des sexes provoquent l’indignation. Sans surprise, les plus violentes critiques viennent de la droite traditionnaliste. Mais les communistes ne sont pas en reste. Ils lui reprochent une vision individualiste et bourgeoise. L’ouvrage connaît une grande vague d’intérêt à partir de la décennie 70. Selon les déclarations de Beauvoir, le fait d’être une femme n’a jamais été un obstacle. Elle a admis que l’écriture du texte n’a été possible que par sa situation privilégiée. Sa proximité avec des hommes intellectuels l’a protégée de toute discrimination. C’est pourtant la condition féminine qui l’occupe pendant 1 000 pages. Elle l’examine sous tous les angles possibles, ceux de la biologie, de l’histoire, de la psychologie, des mythes, de la littérature. Les données utilisées sont puisées dans des journaux intimes, des mémoires de femmes illustres, des études de psychologie et de sociologie. D’emblée, Beauvoir se place sur le terrain existentialiste du refus de l’approche naturaliste. Les données biologiques « ne suffisent pas à définir une hiérarchie des sexes » (p. 73). Le point de vue culturel est adopté pour penser la subordination de la femme. Elle envisage ainsi l’infériorité supposée de la femme comme le produit d’une construction sociale qui peut être défaite. Le premier volume s’attache au regard des hommes sur les femmes, le second de aborde leur expérience concrète faite d’assignations sociales et de destins tout tracés. Cette inversion des priorités se justifie par le fait que l’essentiel de la situation des femmes a été façonné par les hommes qui les ont reléguées dans une position inférieure.
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