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Publié en 1637, le Discours de la m éthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences est une préface à des essais scientifiques et constitue une sorte de manifeste pour une refondation du savoir et de la connaissance scientifique sur des bases modernes. Descartes y renverse l’approche métaphysique traditionnelle, ce qui en fait un texte fondateur de la philosophie et de la subjectivité modernes. Selon Jean-Paul Sartre, Descartes a compris que la pensée est un acte et que l’acte de penser permet de poser une pensée autonome.
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Jeanne Bina
Alors qu’il est soldat en Allemagne et qu’il a le temps de s’isoler pour méditer « dans une pièce bien chauffée », à Neubourg, Descartes fait des rêves qui vont le mener vers la philosophie. Ces songes le poussent à s’interroger sur la vie qu’il doit mener et vont inspirer la rédaction du Discours de la Méthode, qui est une quête de vérité et de certitude. Publié anonymement en 1637, ce texte est une préface à des essais scientifiques : la Dioptrique, les Météores et la Géométrie. C’est aussi un programme visant à faire connaître la science nouvelle et la philosophie moderne. Il cherche en effet à pousser le public à changer de modèle, voire même de paradigme, et de méthode. Sartre écrit que « la Méthode est inventée […]. Mieux encore, chaque règle de la Méthode (sauf la première) est une règle d’action ou d’invention ». Il ne s’agit pas de se limiter à l’approche traditionnelle de la métaphysique, qui est « spéculative », mais d’établir des règles concrètes que l’entendement doit suivre pour ne pas se tromper et donc bien agir. Descartes propose ainsi une méthode et une philosophie qui prennent en compte la raison et la finitude humaines. C’est dans cette mesure que ce texte est moderne. Moderne dans son objet, dans sa visée, par le chemin emprunté, mais aussi par la langue utilisée. Descartes n’écrit pas en latin mais en français pour toucher un public plus large – notamment les femmes. Il n’adresse pas ce programme aux scholastiques et aux universitaires, mais à quiconque a du bon sens. Le bon sens étant « la chose du monde la mieux partagée », il s’adresse à tout être humain doué de raison et d’entendement. Le choix du genre de l’autobiographie philosophique, plutôt que du traité philosophique scholastique, facilite l’identification du lecteur. Le récit est parfois rédigé à la première personne et Descartes raconte des anecdotes personnelles, décrivant le « tableau de [s]a vie » ; il fait une chronique de sa vie intellectuelle pour présenter un programme de réforme de l’esprit. Il nous présente son expérience et son cheminement, qui l’ont mené à proposer une refondation de la pensée grâce à une nouvelle méthode. Il veut donc encourager le lecteur à agir méthodiquement et de manière nouvelle afin d’atteindre la vérité. Pour ce faire, il s’agira de douter de tout en vue de reconstruire le savoir sur des fondements certains. Selon ses mots, il faut renverser les fondements pour les redresser.
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