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Philippe Descola

La composition des mondes

Les sociétés occidentales peuvent-elles envisager un rapport différent, soucieux et empathique, avec la nature et l’environnement ? Sous le format d’une série d’entretiens, Philippe Descola évoque son trajet académique, son terrain en Amazonie équatorienne chez la population Jivaro Achuar, son retour en France et sa contribution à l’anthropologie, en analysant les coutumes et les droits des sociétés autochtones de l’Amazonie. Il questionne aussi la centralité du discours moderne européen en anthropologie, discours peu préoccupé de l’existence des animaux, des plantes ou de la planète.

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Ioana Andreescu

La composition des mondes
La composition des mondes

book.chapter Introduction

Sous la forme d’une synthèse d’entretiens menés par Pierre Charbonnier, Phillipe Descola revient dans La Composition des mondes sur son parcours d’anthropologue et propose un nouvel éclairage sur le rapport que l’homme peut envisager avec la nature (ou le « non-humain »), comprise comme plantes et animaux, mais incluant aussi des formes moins habituelles, telles que les esprits, les virus ou les formes de relief. Au début de ses études, Descola s’intéresse aux principes marxistes, à l’ethnoscience et à l’anthropologie environnementale, ce qui au fil de sa carrière va lui offrir de solides bases d’analyse interdisciplinaire. Sa proximité avec Claude Lévi-Strauss l’initie à la théorie structuraliste, tout en lui permettant de définir son propre système d’analyse, composé de quatre grands modes d’identification à la nature, déterminés selon les principes de continuité et de discontinuité : le totémisme déploie une continuité matérielle et morale entre humains et non-humains ; l’animisme souligne une continuité morale et des différences physiques ; l’analogisme postule des discontinuités mentales et physiques ; et le naturalisme est le mode de pensée caractéristique de l’Occident et de la modernité. Dans ce dernier modèle, les « non-humains » entretiennent avec les humains une continuité physique et une discontinuité mentale. Le premier ouvrage de Descola, sorti de sa thèse de doctorat, s’intitule La Nature domestique (1986). De manière implicite, ce questionnement anthropologique, portant principalement sur la population Jivaros de l’Amazonie, s’empare aussi des paradigmes conceptuels du continent européen, où une tradition historico-politique fait prévaloir l’humain sur le naturel. Ainsi, la notion d’État-nation, spécifique à la pensée formulée sur le vieux continent, n’est pas une évidence, ni une nécessité, pour les populations amazoniennes. C’est pourquoi ses travaux s’inscrivent dans le contexte des débats et discussions sur les enjeux climatiques et environnementaux, mais soulèvent aussi des questionnements politiques.

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