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S’inscrivant en faux contre de nombreuses idées reçues, Michel Foucher rappelle que la production des frontières et clôtures internationales se poursuit de manière continue, et que les limites des États concentrent toujours autant les conflictualités économiques, politiques, et sécuritaires. Alors que la rhétorique d’un effacement des espaces nationaux prend de plus en plus d’importance à l’ère de la mondialisation, il affirme que celle-ci induit en retour un phénomène de reterritorialisation, qui correspond à un « besoin de frontières » constant.
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Émilien Legendre
Michel Foucher est sans conteste l’un des grands spécialistes français des frontières et de la géopolitique, dans le sillage d’Yves Lacoste avec lequel il a collaboré à la revue Hérodote. Il a consacré aux frontières internationales, qu’il nomme « dyades », à leurs représentations et aux rapports que les sociétés entretiennent avec elles, un grand nombre d’ouvrages depuis sa thèse soutenue en 1986 sur « Les frontières des États du tiers-monde ». Bien que L’Obsession des frontières ait été initialement écrit en 2007, la réflexion qui y est proposée garde toute son actualité : renforcement théâtralisé de la clôture entre les États-Unis et le Mexique, manœuvres chinoises dans les îles d’Asie du Sud-Est, crispation sécuritaire dans le Cachemire disputé par l’Inde et le Pakistan, extension du territoire israélien prévue dans les zones occupées de Cisjordanie. Michel Foucher prend le contre-pied de la théorie dominante, qui conclut trop rapidement à une obsolescence des frontières liée au déclin de l’État-nation face à des flux économiques et migratoires accélérés, et postule une résistance des attributs frontaliers, voire même un « retour des frontières » sous la forme de clôtures et de murs. La mondialisation aurait en effet pour corollaire la redéfinition spatiale des territoires et identités nationaux, et une importance accrue donnée aux espaces frontaliers malgré leur perte de visibilité. Régulation des flux migratoires entre foyers socio-économiques inégaux, surveillance et problématiques de contrôle face aux menaces terroristes dans les confins, disputes territoriales : les frontières recouvrent encore de nombreux enjeux économiques, sécuritaires et politiques. Dans les cas où l’État perd le contrôle d’une partie de son territoire ou de son économie, la frontière reste en outre un lieu privilégié pour démontrer sa puissance. Foucher interroge également l’ambition du projet européen à travers l’étude de son élargissement, qui met en péril l’intégration politique de l’Union en repoussant toujours plus ses frontières externes.
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