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Loïc Wacquant

Corps et âme

Comment devient-on boxeur, et comment le club de boxe crée-t-il des sociabilités, un mode de vie tourné vers l’ascèse, la maîtrise de l’art pugilistique pour, qui sait, réussir à entrer dans la légende ? Loïc Wacquant, intègre à la fin des années 1980 un club de boxe de Woodlawn, un quartier populaire afro-américain de Chicago. En immersion totale, il réalise une ethnographie minutieuse de la salle de boxe, des sociabilités qui s’y construisent, de l’apprentissage de l’art pugilistique et des représentations sociales qui en découlent. Au fil des combats épiques et des entraînements spartiates, il nous donne à voir de nombreux éléments de la culture populaire américaine des années 1980.

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Arnaud Kaba

Corps et âme
Corps et âme

book.chapter Introduction

Cet ouvrage est avant tout l’histoire d’une immersion presque totale dans un terrain. Elle donne à ce texte ses meilleures qualités comme elle en explique certaines faiblesses. Wacquant est un sociologue blanc se mêlant à des prolétaires et des sous-prolétaires noirs à la fin des années 1980. De cette position de départ, celle de dominant, il fuit le monde académique pour intégrer ces populations noires et pauvres de Chicago en se rendant au club de boxe (le gym). Il se prend au jeu, s’entraînant souvent plus de quatre fois par semaine, et va jusqu’à souhaiter devenir boxeur. C’est avant tout cet itinéraire que retrace le livre, notamment par son découpage, qui part de l’entraînement et culmine avec le combat de l’auteur au tournoi amateur des Golden Gloves. Mais la trajectoire que Loïc Wacquant décrit est en fait un archétype : tout boxeur passe par un apprentissage physique, technique, alimentaire et surtout social pour devenir un pugiliste accompli et intégrer la communauté de la boxe. Il montre que le club se voit comme une communauté locale permettant entre autres aux jeunes de sortir de la rue mais que l’ensemble des boxeurs ont le sentiment d’appartenir à la même communauté, la même famille : ils possèdent une sorte d’esprit de corps. C’est aussi le trajet de toute jeune recrue rêvant de glorieux combats que retrace le livre. Sa méthodologie particulière, son analyse du club comme espace de socialisation salvatrice au sein du ghetto noir de la boxe comme apprentissage et comme pratique d’ascèse forment les points forts de ce livre.

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