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Depuis peu, les hommes ont découvert et analysé leur code génétique, de sorte qu’ils peuvent le manipuler, comme ils le font pour les plantes et les animaux. S’ouvrent des perspectives. On peut détecter l’origine génétique de certaines maladies ; on peut diagnostiquer d’éventuelles maladies dans les embryons ; on peut améliorer les capacités des individus à naître. C’est à cerner les implications philosophiques et politiques de ce nouvel eugénisme que s’attache ici Jürgen Habermas.
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Armand Grabois
À l’heure des expérimentations sur le génome humain, d’aucuns se prennent à rêver d’une amélioration de l’espèce par les voies d’un nouvel eugénisme fondé non sur la contrainte d’État mais, au contraire, sur la libre volonté des géniteurs. Philosophe de l’après-guerre allemande, Habermas n’est pas indifférent à ce bouleversement. L’Allemagne est le pays de l’eugénisme nazi et de ses terrifiantes inventions : Lebensborn, centres où des fournées de SS étaient envoyées s’accoupler avec les meilleures représentantes de la race aryenne, et extermination des mal-nés. Mais il ne peut pas non plus se satisfaire d’une condamnation radicale et totale de toute forme de progrès biologique. Ces anathèmes sont en effet, généralement, de nature religieuse ou métaphysique. Il faut à ce lecteur de Nietzsche et d’Heidegger des raisons plus valables, immanentes à la société, acceptables par tous, quelles que soient ses convictions, car telles sont les exigences du débat public dans les sociétés libérales modernes, marquées par la cohabitation de multiples traditions métaphysiques et religieuses. La question de l’eugénisme est donc pour Habermas l’occasion de s’interroger sur les fondements de l’éthique et de la morale. À cette fin, il convoque Kant, Rawls et Kierkegaard. Ayant défini la nature et la légitimité de la dignité humaine, il montre pourquoi le nouvel eugénisme menace de la ruiner complètement et de saper les bases mêmes de notre morale.
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