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Collectif

On tue une femme

L’ouvrage se présente comme « le livre noir de la "condition" féminine ». En 2014, en France, à la suite des requêtes d’associations féministes auprès de la Délégation aux droits des femmes d’introduire la notion de féminicide dans le Code pénal français, s’est tenue une série de colloques, à l’université de Poitiers et de Paris-Diderot, ainsi qu’à l’Assemblée nationale. Ce livre en restitue les actes. Présenté comme « un fléau universel et le défi majeur des sociétés au XXIe siècle », le féminicide y est abordé sous tous ses aspects : culturels, juridiques, psychanalytiques. Décrit comme l’ultime aboutissement des violences faites aux femmes, il ne relèverait pas de conduites hors-normes mais serait, bien au contraire, inscrit au cœur même de la culture. De l’Amérique, où est née la notion dans les années 1990, à l’Europe, et dans une moindre mesure le sous-continent indien et le monde arabe, le meurtre des femmes est ici l’objet d’une enquête transdisciplinaire. Ne relevant ni de la passion, ni de l’amour, mais de facteurs politiques, anthropologiques, sociologiques, historiques, démographiques, économiques, enfin psychanalytiques, le féminicide et les violences qui le précèdent croisent la race, le colonialisme, la production capitaliste, le libre-échange, ou la religion. La domination des femmes jouit, sous toutes les latitudes, d’une impunité qui ne peut que s’expliquer par la perpétuation d’un système de genre au fondement inégalitaire. Seule la violence masculine y est légitime, explique l’anthropologue Françoise Héritier, tandis que celle des femmes serait « hors normes ». L’enjeu en serait l’appropriation du corps des femmes et de leur reproduction, que les motifs invoqués soient culturels, religieux ou affectifs.

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Natacha Giafferi-Dombre

On tue une femme
On tue une femme

book.chapter Introduction

La plupart des sociétés, à la plupart des époques, traitent les femmes dans un rapport d’infériorité. Les violences à leur endroit vont de l’infanticide des petites filles ou des avortements sexués, au mariage forcé, aux maltraitances jusqu’au suicide forcé, meurtre ou assassinat (selon que la préméditation est ou non retenue). Si le problème n’est pas nouveau, on assiste depuis peu à une plus grande visibilisation des violences extrêmes, notamment grâce à l’emploi du terme féminicide, dont l’emploi est consacré, en France, par le dictionnaire Le Robert depuis 2015. Ce terme est apparu tout d’abord en anglais sous la forme de femicide, lequel désigne le meurtre d’une femme parce qu’elle est femme, sous la plume des Américaines Jill Radford et Diana Russell, autrices de la toute première anthologie consacrée à cette question. L’Amérique latine, confrontée au fémigénocides ou féminicide de masse, s’en est saisit et proposa la variante de feminicidio afin d’éviter qu’il soit le simple équivalent de l’homicide – ce qui reviendrait à nier l’inscription inégalitaire des femmes dans la plupart des sociétés –, mais aussi pour préciser un aspect jugé central de ces meurtres : l’inaction ou la complicité d’un État. De la critique féministe décoloniale des mouvements indigènes latino-américains aux combats européens, le problème est enfin pris en considération au niveau mondial et fait l’objet de militances et de recherches universitaires. « Le féminicide est un combat à la fois intime et international » (Lydie Bodiou et Frédéric Chauvaud, p.63). De la violence verbale ou psychologique au meurtre définitif, il s’agit de comprendre la « haine du féminin » qui autorise le passage à l’acte violent.

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