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Internet n'a pas aplati la planète, comme l'a prétendu Thomas Friedman. Il opère à partir d'une structure conçue comme un empilement de couches, de la Terre à l'Utilisateur. Cette cartographie verticale modifie radicalement les régimes de souveraineté, surtout à l'heure du Cloud : les plateformes remettent en cause les États-nations, alors que ces derniers se considèrent de plus en plus comme des plateformes. Empilement de réseaux numériques qui s'hybrident et se superposent, le Stack est à la fois une réalité, un cadre d'analyse et un cahier des charges pour une géopolitique de la commutation mondialisée.
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Robert Guégan
En 1648, les traités de Westphalie ont façonné l'ordre juridique mondial, les États reconnaissant mutuellement leur légitimité sur leur territoire respectif. L'État-nation est ainsi devenu l'élément d'une architecture géopolitique, basée sur une cartographie du monde en deux dimensions. Avec une conséquence concrète : l'identité est liée à un territoire. D'une certaine manière, la même géométrie plane caractérise les débuts de l'Internet, où le peer-to-peer témoigne de relations basées sur l'horizontalité. On découvre depuis plusieurs années, et particulièrement depuis 2008, quand l'automatisation d'opérations financières à grande échelle a conduit à une crise économique sans équivalent, que la commutation mondialisée laisse augurer du pire. Le Cloud présage la surveillance de masse, l'évasion fiscale et la culture troll ; la guerre devient « cyber », « La computation recèle plus de potentiel et plus de risques que nous ne l'avions prévu », résume l'auteur, pour qui l'utopie ou la dystopie de nombreux discours, avec l'Anthropocène en arrière-plan, n'aboutissent qu'à une impasse. Il nous faut inventer de nouveaux modèles car la computation déborde largement des cartographies habituelles. Elle remet en cause la souveraineté westphalienne des États, comme l'illustre le confit entre Google et la République populaire de Chine. Cela suppose de mobiliser art, design, économie et ingénierie pour se pencher sur cette nouvelle architecture sans fondement (archè) qui définit la façon dont nous divisons le monde en espaces souverains, via un système d'adressage mondialisé qui permet à tous les types de commutation d'entretenir des relations à travers des stacks, ou piles de protocoles logiciels.
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