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La réapparition dans les dernières décennies d’accusations de blasphème, à l’image de la fatwa qui frappa l’écrivain britannique Salman Rushdie en 1989, confronte les sociétés occidentales à une réalité dont elles ne semblent plus familières. L’ouvrage d’Alain Cabantous vient dissiper cette impression de dépaysement en retraçant l’évolution des rapports entre société, pouvoir et religion dans l’Europe moderne. Le blasphème y semble omniprésent, et, pour cette raison, lourd de significations.
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Ladislas Latoch
Faire l’histoire du blasphème en Occident à l’époque moderne ne signifie pas seulement renseigner les différentes formes que revêt l’expression de la parole impie au sein de cette période déterminée. Le blasphème est bien plutôt envisagé par Alain Cabantous comme une fenêtre que l’historien peut ouvrir sur les mentalités d’Ancien Régime. Son existence dans les sources, en tant que catégorie théologique et réalité judiciaire, permet d’aborder les relations structurelles entre sociétés et pouvoirs, au prisme de la norme religieuse. La violence qui accompagne l’expression et la répression de la parole impie révèle, selon l’approche de l’auteur, les mécanismes du contrôle social ainsi que les résistances qu’il suscite. L’auteur n’utilise cependant pas ce cadre d’analyse dans le seul but de développer une réflexion générale sur les fonctions sociales du blasphème : il le met au service d’un questionnement résolument historique qui interroge la place du phénomène et son évolution au sein de sociétés elles-mêmes en mutation. Le cheminement de l’ouvrage, sans être expressément chronologique, s’emploie ainsi à éclairer ce qui apparaît comme une relativisation du crime de blasphème, reflet d’une perte d’autonomie du religieux face au politique au cours de l’époque moderne.
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